L'Asie est un continent où le sport n'est pas une activité aussi répandue qu'en Europe ou en Amérique pour des dizaines de raisons. Mais cela ne les empêche pas d'en pratiquer certains, les deux sports les plus connus en Malaisie sont le badminton et le football. A ces deux pratiques ultra populaires, nous pouvons ajouter un sport traditionnel de l'Asie du Sud-Est, le Sepak Takraw, il s'agit de volleyball uniquement avec les pieds et une balle de petite taille. Ce sport est très suivi en Malaisie et comprend différentes ligues professionnelles au sein du pays, il s'agit d'un sport très technique et acrobatique le rendant très attractif.
Mais ce n'est pas tout, malgré tout ça, d'autres sports de deuxième zone, comme ils le disent, sont présents, le basketball, le volleyball, l'athlétisme, la natation, le taekwondo...
Après, nous retrouvons les sports moins pratiqués, mais possédant quand même une communauté et une fédération nationale, comme c'est le cas pour le handball. Étant pratiquant de handball depuis mes 10 ans, cela m'a énormément surpris, car je n'avais jamais entendu parler de l'équipe de Malaisie dans les compétitions internationales, mais elle existe bien et j'ai même joué avec certains des joueurs ayant fait partie de cette équipe, je vous explique tout dans cet article.
La recherche d'un club :
Quand j'ai créé mon projet d'année de césure en Asie du Sud-Est, je savais très bien que j'allais devoir arrêter le handball pendant un an. Cette décision n'était pas simple pour moi, j'avais donc déjà regardé sur internet si des équipes existaient en Malaisie, mais les seules vidéos que je trouvais étaient des vidéos d'étudiants jouant sur des parkings à un sport ressemblant au handball. Sans plus de motivation, je n'avais pas poussé mes recherches, or arrivé sur place, je me rends rapidement compte que de nombreuses équipes existent à Kuala Lumpur et sont contactables via Instagram. Je me décide d'en contacter une, après une discussion, je fus refusé de l'équipe, car je n'étais pas capable de parler le malais et les joueurs de l'équipe ne parlaient qu'exclusivement malais. Je fais ainsi 2-3 clubs où je suis refusé, soit par défaut de langue ou par défaut de club appartenant à des universités qui n'étaient pas la mienne. Mais une fois un club me refusa, mais me réorienta vers un autre club acceptant des expatriés et où tous les joueurs parlent anglais. Je me décide donc dans un dernier élan de motivation de les contacter pour savoir si je pouvais les rejoindre. Le capitaine me réponda directement qu'il serait ravi de m'accueillir, mais tenait à me prévenir que l'équipe était une équipe loisir qui n'était pas là pour gagner les tournois, mais vraiment prendre du plaisir lors des matchs. Une vision du handball qui n'est pas trop la mienne en France, mais j'étais ici pour rencontrer des personnes et découvrir une nouvelle culture du handball. C'est ainsi que je décidai de joindre l'équipe des "Settlers" (les colons) de Kuala Lumpur.
Bienvenue chez les Settlers:
Je rejoins l'équipe en février malgré une entorse à la cheville gauche que je traîne depuis mon voyage en Thaïlande, l'envie de rencontrer de nouvelles personnes est trop forte. Je rencontre alors une équipe d'une vingtaine de personnes avec des joueurs de toutes les origines (Allemagne, Portugal, Égypte, Russie...), mais avec une base solide de Malais d'environ 60% de l'effectif.
Nous nous entraînons chaque dimanche dans une salle de futsal, possédant les lignes de terrain de handball, car elles sont quasiment les mêmes qu'au futsal. La première chose qui peut choquer avec le système du handball et du sport en général en Malaisie quand on vient de France, est qu'il faut louer le terrain d'entraînement à chaque fois, le prix n'était pas cher, environ 1 à 2 euros par entraînement, par joueur. Étant beaucoup dans l'associatif en France, je savais la chance que nous avons, mais il est toujours bon de vivre une autre situation pour se rendre compte de ce que l'on a.
En ce qui concerne le jeu, je me rends rapidement compte que le niveau de jeu est bas, mais je m'attendais à pire au vu des vidéos que j'avais pu trouver par le passé sur internet. J'en suis presque surpris, l'équipe utilise même de la résine (colle que nous utilisons pour avoir un meilleur contrôle de la balle) lors des entraînements, mais par contre il fait chaud, très chaud. Les salles ne sont pas climatisées, elles sont uniquement ventilées si elles sont fermées sur l'extérieur. Après quelques entraînements, je commence déjà à être bien intégré dans l'équipe et réussis à échanger avec tout le monde, c'est à ce moment qu'arrive le premier tournoi.
Mon premier tournoi :
Le premier tournoi que j'ai réalisé avec l'équipe était en début mars à Proton City, soit 1h30-2h de Kuala Lumpur sur un week-end entier, il avait lieu dans l'université de la ville. Il faut savoir que l'équivalent de Peugeot, Citroën, Renault en Malaisie est Proton. Donc le tournoi avait lieu dans la ville au nom de l'entreprise, une chose qui se fait de plus en plus en Malaisie (le gouvernement crée de nouvelles villes ou attribue des villes aux grandes entreprises du pays qui en ont besoin). Nous avions loué une maison sur AirBnB tous ensemble, le meilleur moyen pour améliorer la cohésion d'équipe. Sur le point intégration, ce week-end a été excellent, j'ai pu découvrir de nombreuses spécialités culinaires conseillées par mes coéquipiers, apprendre quelques mots de malais et surtout beaucoup échanger sur la communauté du handball en Malaisie et sur la vie en Malaisie en général. Sur un point handballistique, le tournoi se déroule dans des nouvelles infrastructures au top, mais j'apprends que la résine est interdite. Or, nous sommes dans une salle non climatisée et cette fois-ci sans ventilateur avec une température d'environ 36-38 degrés extérieur, autant dire que nous jouons avec une savonnette à la place d'une balle. Malgré cela, nous finissons la première journée de tournoi invaincus pour cette phase de poules et commençons les phases éliminatoires le lendemain.
J'ai de mon côté pas mal forcé sur ma cheville et essaye de profiter des temps de récupération un maximum. Il faut savoir que deux tournois se déroulent en même temps, le masculin et féminin, n'ayant jamais encore vu de handball féminin en Malaisie, je remarque que sous cette chaleur très pesante les filles jouent à 95% avec un voile, je découvre également qu'il y a très peu, voire pas de contact chez les filles.
Notre deuxième journée commence, nous gagnons assez facilement nos huitièmes, mais perdons un de nos meilleurs joueurs qui est allemand sur blessure. Nous remportons le quart également et trébuchons en demi-finale de 1 point, alors que j'ai la balle d'égalisation à la dernière seconde. Nous finirons finalement à la troisième place et je me dis finalement que ce n'est pas si mal pour une équipe qui n'a pas l'habitude de jouer pour gagner.
Ce tournoi me fait me rendre compte que le handball malais est très différent de ce qui existe en Europe et est quasiment un autre sport, car oui, jouer sans colle sous cette température est vraiment très différent de ce que je connais. Je me rends également compte qu'il y a certaines équipes en Malaisie où les joueurs s'entraînent quasiment quotidiennement, ils sont vraiment passionnés par le handball et surtout m'ont impressionné par leur rigueur dans leur jeu, ce qui fait que certaines équipes ont un niveau de jeu plutôt correct.
A fond compétition :
Suite à ce beau résultat, qui était le meilleur que l'équipe ait réalisé depuis sa création, tout le monde était motivé pour les prochains tournois, de plus l'ambiance dans l'équipe était au top. Nous avons recruté beaucoup de joueurs malais sur cette période, il faut savoir que vu qu'il n'y pas de championnat, un joueur peut jouer avec une équipe un tournoi et avec une autre équipe le tournoi suivant. Donc nous avons accueilli beaucoup de joueurs de différentes équipes. Vient ensuite mon deuxième tournoi qui s'est déroulé le dernier week-end de mai à Kuala Lumpur, où cette fois, malgré une équipe qui était sûrement la meilleure, nous échouons en finale à la dernière seconde de 1 but. De mon côté, je continuais de forcer toujours sur ma cheville qui n'arrivait pas à guérir, mais l'envie de jouer avec les gars et de continuer à rencontrer du monde était trop forte et m'étais nécessaire.
Après une troisième et deuxième place dans les deux derniers tournois, nous ne visions que la première place au prochain tournoi qui allait en plus être mon dernier avec l'équipe avant de partir en voyage et finir par rentrer en France. Je voulais à tout prix offrir à cette équipe une première victoire.
Nous arrivons à ce troisième et dernier tournoi pour moi, avec une équipe, qui est peut-être la plus faible équipe que nous avions eue pour le moment, à cause de blessures et de nombreux joueurs étant en voyage ou dans leurs pays d'origine. Nous arrivons quand même à sortir des poules avec un jeu très individuel.
Suite à cela, nous jouons un quart de finale très compliqué face à une belle équipe, nous sommes menés de 4-5 buts à la mi-temps, nous revenons avec un super état d'esprit collectif. Nous faisons égalité, nous allons donc en prolongation, où nous faisons encore égalité, nous nous sommes alors dirigés vers une séance de penalty que nous avons remporté. Nous nous dirigeons donc en demi-finale, où nous rencontrons la meilleure équipe universitaire du pays, même scénario qu'en quart de finale, nous finissons par revenir, alors que nous étions menés au score. Le match était totalement fou, égalité au buzzer final, mais un jet de 9 mètres à exécuter pour nous ( un jet de 9 mètres et un tir à l'arrêt avec un mur de défenseur à 3 mètres du tireur constitué de toute l'équipe adverse et avec le gardien dans ses buts). Je marque le jet de 9 mètres avec beaucoup de réussite et nous permet d'aller en finale une seconde fois d'affilée, avec un état d'esprit plus soudé et déterminé que jamais.
La finale se déroule comme les autres matchs nous sommes rapidement menés, puis nous revenons à égalité au coup de sifflet final. Les arbitres décident d'aller directement au penalty en sautant les prolongations, car nous sommes un dimanche soir, il est 23h30, nous jouons depuis 9h du matin et tout le monde doit faire la route pour rentrer car nous sommes à 1h00 de Kuala Lumpur. Nous nous retrouvons à égalité après 5 penalties de chaque côté, nous retirons un dernier chacun et nous y marquons des deux côtés. Au vu du contexte, les arbitres décident donc de le jouer sur un penalty en or avec tirage aléatoire, l'équipe adverse gagne le tirage, tire, marque et gagne le tournoi.
Nous avons perdu, lors de mon dernier tournoi, j'étais donc très déçu de moi pendant quelques minutes, mais me rappelle à quel point l'équipe a progressé et a changé d'état d'esprit. L'équipe qui jouait de base sans réel objectif lors des tournois, n'avait jamais eu aussi envie de repartir avec la première place. De plus, ce dernier tournoi fort en émotion nous a permis d'être plus soudées que jamais et ce sont des moments comme ça pour lesquels nous faisons du sport collectif.
Conclusion :
Tout d'abord, je voulais remercier les Settlers pour leur accueil, leur énergie et tout ce qu'ils ont pu me partager cette année, je remercie aussi tous nos adversaires et la communauté du handball malaisien qui a été très accueillante et bienveillante avec moi.
J'ai découvert une communauté du handball passionnée, qui aspire à de meilleures conditions de jeu, qui pousse sa fédération pour la faire avancer. On peut recenser largement plus de 50 équipes masculines dans le pays, ces équipes font actuellement le forceps pour la création de championnats, pour ainsi développer le handball en Malaisie et ainsi avoir un meilleur rayonnement sur la scène asiatique et mondial dans un second temps.
Mon expérience lors de cette aventure m'a permis de m'apercevoir à quel point le sport et les passions communes en général (arts, musiques, cinématographiques...) sont des points forts sur lesquels s'appuyer pour créer des liens avec les personnes. Je conseille à toutes personnes partant à l'étranger de découvrir une nouvelle vision de sa passion et d'apporter sa propre vision aux personnes la pratiquant sur place. Cela a été pour moi une vraie découverte d'un nouveau handball et surtout l'occasion de me créer des amitiés solides avec des locaux qui ne sont pas les plus simples à aborder dans la vie de tous les jours. Je ne reste en contact aujourd'hui de mon voyage qu'avec une petite poignée de personnes (en dehors du handball), mais je resterai par contre toujours en contact avec la famille des Settlers et certains de nos adversaires.
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